AIMÉ CÉSAIRE: “JE COMMANDERAI AUX ÎLES D’EXISTER »
Colonisation et civilisation
Et puisque aujourd’hui il m’est demandé de parler de la colonisation et de la civilisation, allons droit au mensonge principal à partir duquel prolifèrent tous les autres.
Colonisation et civilisation ?
La malédiction la plus comunes en cette matière est d’être la dupe de bonne foi d’une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte.
Cela revient à dire que l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement, de répondre clair à l’innocente question initiale : qu’est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangellisation, ni enterprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admetre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’epicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appetit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes.
Poursouvant mon analyse, je trouve que l’hypodrisie est de date récente ; que ni Cortez découvrant Mexico du haut du grand téocalli, ni Pizarre devant Cuzco ( encore moins Marco Polo devant Cambaluc), ne protestent d’être les fourriers d’un ordre superieur ; qu’ils tuent ; qu’ils pillent ; qu’ils ont des casques, des lances, des cupidités ; que les baveurs sont venus plus tard ; que le grand responsable dans ce domaine est le pédantisme chrétien , pour avoir posé les équations malhonnêtes : christianisme = civilisation ; paganisme = sauvagerie, d’où ne pouvaient que s’ensuivre d’abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes davaient être les Indiens, les Jaunes, les Nègres.
Cela réglé, j’admets que mettre les civilisations différentes en conact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes differents est excellent ; qu’une civilisation, quel que soit son génie intime, à se replier sur elle-même, s’étiole ; que l’échange est isi l’oxygène, et que la grande chance de l’Europe est d’avoir été un carrefour, et que, d’avoir éte le lieu géométrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies, le lieu d’accueil de tous les sentiments en a fait le meilleur redistributeur d’énergie.
Mais alors, jke pose la question suivante : la colonisation a-t-elle vraiment mis en contact ? Ou, si l’on préfère, de toutes les manières d’établir le contact, était-elle la meilleure ?
Je réponds non.
Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumuléees, de tos les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministerielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.
De Aimé Césaire, en Discours sur le colonialisme
Nun amargo café recibín de mans de La Vanguardia, a noticia da morte esta semana de Aimé Césaire. Do salobre sabor das illas aló por Martinica, e do escuro proceder da negritude e da súa expresión cultural franco-antillano-africana, poño eu por nome á poesía deste adail da descolonización dos pobos oprimidos pola Francia-de-Montfort, e polo saudo homoxeneizador das luvas metálicas de Xoana de Arco. Sexa como for, República Francesa ou non diante, a poética francófona e comunista deste home ben paga a pena. Deixo pois este pequeño reducto ideolóxico de Césaire para a lectura e a admiración de vosoutros.
Non esquezades que illas non son montes. Que naquelas mesma illas segue a repousar a man versificadora de Derek Walcott, René Depestre, Lezama Lima, Dulce Maria Loynaz, Bob Marley, Kamu Brathwaite, Nicolás Guillén...E que nelas inda abrolla unha primavera tal como as moitas que desexara Cunqueiro para o idioma noso.
Donc, camarade, au revoir!
Amauta Castro
Girona, 19/04/08
amautacastro@hotmail.com
4 Comments:
Vaia... aínda estaba vivo? Para mín era o Cesaire unha figura xa mítica, o pai fundador dos discursos de subversión colonial e da escrita pulida, o comunista militante... Mais xa o imaxinabe ido nos albores dunha historia lonxana...
É un triste perda. Fica tan só esculcar nos seus estupendos libros (o 'Cahier' ou a afortunada reescrita da Tempest) e levar adiante o seu proxecto estético e emancipatorio...
Saudos, meu! Pois si, deixounos para habitar o ceo dos irreductíbeis!
Saudos desde terra lonxana!
beaucoup appris
Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader.
Discours sur le Colonialisme (1950)
Aimé Césaire
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